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Mode d'emploi

Foodorama #7

Agriculture et astronomie au coeur de l'Argentine


Cet article a été initialement publié sur worldfoodorama.com

Nous sommes Kalima et Sylvain et depuis le 21 septembre 2018, nous voyageons à vélo couché. Pendant 2 ans, nous parcourrons les 5 continents, soit plus de 40 000km, pour aller à la rencontre des personnes qui innovent afin de trouver des solutions écologiques et durables pour nourrir notre planète. Cette aventure, que nous avons appelée Foodorama, est née d’une envie de découvrir le monde tout en nous engageant sur un thème qui compte beaucoup pour nous, l’alimentation.


1 an et demi déjà que nous parcourons le monde pour réaliser le documentaire Foodorama, sur les initiatives pour une alimentation plus durable.  De Vancouver à Santiago, sur plus de 15 000km à vélo couché, nous pensions depuis longtemps à ce moment où l’on marquerait une pause dans le voyage.

Besoin de s’arrêter, de se ressourcer dans un même lieu, d’en apprendre plus sur la permaculture et de ne plus être uniquement témoins mais de « mettre les mains dans la terre ».

Wwoofing, Work Away, Help  X, ces 3 plate-formes proposent des formules assez proches, quelques heures de travail par jour contre le gîte, le couvert et un partage de savoir faire. L’idée nous a tout de suite séduits, un moyen économique de voyager, de faire des rencontres, d’apprendre et de participer à une économie de partage sans échange monétaire.

Après quelques recherches, nous avons choisi de nous concentrer sur Help X.  Pourquoi ? Wwoofing est le site de référence, le plus ancien. Il est consacré uniquement aux fermes Bio mais l’inscription (payante) n’est valable que pour un seul pays et pour une année. Sans savoir exactement par avance, l’offre sur place et où nous allons nous arrêter, cette formule ne nous convenait pas. Nous avions entendu quelques expériences malheureuses sur Work Away et nous avions rencontré des « Helpers » heureux utilisant Help X, il y a quelques années en Islande. Nous nous sommes donc concentrés sur Help X. D’autant plus que l’inscription sur HelpX a l’avantage d’être valable 2 ans dans le monde entier.

Tout comme Work Away et à la différence de Wwoofing, Help X propose des volontariats non seulement dans les fermes bio, mais aussi chez d’autres professionnels (auberges de jeunesse, motels, camping, petits commerces) ainsi que pour des particuliers (jardinage, construction, baby-sitting, cours d’anglais, soin des animaux, cuisine, nettoyage etc.).

Nous parcourons les nombreuses annonces en choisissant notre zone et en incluant quelques mots clés. On retrouve les avis laissés par les volontaires. C’est très important pour nous car nous voulons y rester 1 mois (les annonces varient entre quelques jours à plusieurs semaines) et nous savons qu’il y a parfois des volontaires déçus de l’accueil qui leur a été fait.

Nous tombons sur une annonce d’une grande propriété près de Cordoba en Argentine. Les commentaires sont unanimes et positifs, les familles présentes sur place ont l’air très accueillantes, les activités variées et intéressantes et on y mange très bien semble-t-il (ça compte beaucoup, on va pas le cacher !).

Nous prenons contact avec Thierry, un français qui vit en Argentine depuis 25 ans (nous ne savions pas qu’il était français et avons échangé en espagnol jusqu’à notre arrivée). Il nous confirme que nous pouvons passer 1 mois chez lui.

A notre arrivée, bonne surprise, les deux autres Helpers –  Brenda (argentine) et Jay (anglais) – nous ont préparé un super repas avec légumes du marché et du potager.

Thierry nous fait découvrir la propriété. Il y a sa maison, où vivent les helpers, la maison de Diego et Analia avec leurs enfants Violetta et Khalil, 2 dômes pour étudier l’astronomie et l’astrologie, un potager, un poulailler, des moutons, des chiens, des chats et même des chevaux.

Autant dire qu’on s’y sent tout de suite très bien. Nous avons notre propre chambre dans cette maison de plus de 100 ans. Nos activités vont se partager, un jour sur deux, entre Diego et l’entretien du potager en biodynamie et Thierry qui a des travaux de peinture et de bois à faire.

Nous travaillons 4/5 heures par jour, 5 jours par semaine. Sur ce temps de travail, sont comptés la préparation des repas, la vaisselle et le ménage de la maison. C’est parfait pour nous qui aimons cuisiner et nous avons ainsi chaque jour une grosse demi journée de libre pour profiter de la région.

Dans les activités proposées par Thierry, il y avait aussi des constellations à dessiner dans le dôme. Jay est artiste. En collaboration avec Thierry, il a proposé son interprétation d’Orion, un athlète qui saute une barre.

Au potager, nous arrosons, arrachons les mauvaises herbes, plantons des graines etc. Tout se fait à la main dans le respect de la biodynamie. Chaque semaine Diego anime des ateliers sur la biodynamie et nous en apprenons un peu plus. Nous découvrons à quel point cette forme d’agriculture demande des connaissances et une attention constante.

Ce n’est pas seulement une agriculture biologique, ni seulement une agriculture profondément connectée à son environnement comme la permaculture qui recrée un écosystème et fait la part belle aux associations de plantes et aux fertilisants naturels. C’est tout ceci mais bien plus encore.

Ici la terre ne se conçoit pas sans sa relation au cosmos. L’alignement des astres et les phases de la lune vont déterminer à quel moment il faudra fertiliser (engrais naturel), planter ou récolter. Les préparations à appliquer dans le potager se font sous forme de rituels dont nous ne comprenons pas toujours la raison (mélanger une préparation avec le bras pendant 1 heure, appliquer avec une branche d’arbre etc).

Sans être forcément convaincus de l’efficacité de la biodynamie sur d’autres techniques d’agricultures biologiques, nous découvrons une forme de rituel, de croyance, une agriculture spirituelle qui vise à se connecter le plus possible avec ce qui nous entoure, le cosmos et le vivant. Nous ressentons d’ailleurs que c’est dans ce rituel que Diego puise son énergie et sa joie de travailler dans son potager.

Il nous fait part de son secret en cas de cataclysme, un petit sac qui contient l’essentiel : quelques habits mais surtout tout un arsenal de… graines. Les principales variétés de légumes sont dans son sac, s’il devait partir et tout reconstruire ailleurs.

Quand nous ne sommes pas au potager et que nous ne peignons pas, nous profitons de notre temps libre pour faire des choses que nous ne faisions plus beaucoup : jouer aux cartes au bord de la rivière avec nos amis que l’on a convertis à la coinche (on a donc logiquement inventé le verbe « cuanchar » en espagnol), jouer avec les enfants dans le jardin, cuisiner des desserts, lire, et surtout ne rien faire allongés dans un hamac. On se réapproprie le temps, l’espace d’un mois.C’est aussi l’occasion de faire des ascensions sur les montagnes de la région pendant les week-ends. C’est d’ailleurs ce que l’on a fait pour nos derniers jours de repos avant notre départ avec Thierry et ses amis : monter en haut du Colchiqui, une montagne sacrée à 1600m d’altitude. Une vue imprenable !

Cette expérience de volontariat nous a complètement convaincu, au point que l’on vient de trouver un nouveau volontariat avec Help X, cette fois ci en Nouvelle Zélande, sur la construction d’un « Earthship », une construction éco responsable composée de matériaux recyclés. La suite au prochain épisode !

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