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Mode d'emploi

Petit Lexique des pédagogies "différentes"

par Antonella Verdiani, auteure du livre "Ces écoles qui rendent nos enfants heureux", et fondatrice du Printemps de l’éducation.


Pédagogie Montessori

Fondatrice : Maria Montessori (1870 – 1952)

Cette pédagogie se fonde sur l'éveil sensoriel de l’enfant et le développement de son esprit d’autonomie, favorisé à l’école par une atmosphère concentrée, sous les yeux d’un maître bienveillant. L’autonomie se rejoint par un travail individualisé, utilisant du matériel auto-didactique, ce qui n’exclut pas aussi la possibilité du travail collectif, avec des règles de vie responsabilisantes. L’enseignant agit en tant qu’autorité reconnue, mais bienveillante, ouverte et attentive aux rythmes et aux besoins des élèves. Selon les observations de Maria Montessori, les enfants traversent des "périodes sensibles". Les classes sont divisées selon les cycles d’âges définis, de 3-6 et de 6-12 ans pour le primaire. La pédagogie Montessori a fait ses preuves partout dans le monde en s’adaptant bien à des contextes culturels et sociaux diversifiés. Aujourd’hui sa vision de l'enfant comme une personne non seulement digne d'intérêt, mais surtout comme l'avenir d’une société de paix, est de très grande actualité.

Pédagogie Steiner

Fondateur : Rudolf Steiner (1861 – 1925)

Les écoles Steiner –Waldorf ont des éléments communs avec d’autres pédagogies "alternatives",  comme l’atmosphère familiale avec des éducateurs; les programmes centrés sur l’enfant, où parents et enseignants œuvrent ensemble dans l’intérêt de l’épanouissement de celui-ci ; l’absence de système de notation et de redoublement ; l’équilibre entre activités cognitives, artistiques et techniques. Sa particularité est la conception spirituelle de l’être humain, la nature de l’homme, qui est à la base de toutes les activités éducatives de ce courant dont l’objectif ultime est l’intégration harmonieuse de l’entité spirituelle (âme-esprit) avec l’entité physico-corporelle de l’être humain. Pour Rudolf Steiner, l’enseignant (éducateur) travaille avec les forces spirituelles concentrées dans le Moi de l’individu (son esprit), par lesquelles on peut accomplir un véritable travail de transformation sur l’entité humaine. Dans cette éducation, la place de l’art est centrale tout comme la pratique des matières enseignées (par ex. eurythmie, musique, aquarelle, calligraphie, travail de bois, jardinage biodynamique en plus des matières conventionnelles).

Pédagogie Freinet

Fondateur : Célestin Freinet (1896 – 1966)

Fondée sur la liberté et l'expression libre des enfants, sa particularité est celle de stimuler le travail coopératif sur la base de l’intérêt des élèves. A la différence d’autres pédagogies "alternatives", la relation maître –élève est presque paritaire car c’est le conseil de classe qui prend les décisions, l’enseignant se pliant à son autorité. C’est une vision éminemment politique parce qu’elle renverse carrément la donne sur le rapport au pouvoir existant, même en forme de bienveillance, dans les écoles Montessori ou Steiner-Waldorf. De ce fait, Freinet apporte à l’éducation une vision militante, œuvrant pour l’émancipation de l’individu et du monde. C’est pourquoi le développement de l’esprit critique des enfants est au centre de la philosophie éducative, que l’on cherchera à stimuler par des techniques comme le texte et le dessin libre, l’imprimerie, le journal étudiant et la correspondance inter-scolaire, entre autres.

Pédagogie Institutionnelle

Fondateur : Fernand Oury (1920 - 1998)

Le but de la pédagogie institutionnelle, inspirée par la pédagogie Freinet, est de créer et de faire respecter des règles de vie dans l'école où les enfants doivent (re)trouver le goût d'apprendre, à travers leur engagement et leur participation directe. Des lieux de paroles, définis comme des institutions, sont mis en place à cet égard, comme le "quoi de neuf" tous les matins ou des conseils de classe coopératifs toutes les semaines, où l’on expose et traite les problèmes et les questions de la vie de classe. Selon la pédagogie institutionnelle les lois sont nécessaires et ne doivent pas être transgressées, dans quel cas c’est le conseil qui décide et tranche. Pour synthétiser cette philosophie, c’est la classe, avec ses règles communautaires, qui devient pour l’enfant un endroit de référence et de sécurité où l'on peut régler des questions importantes, et où il va progressivement prendre en charge sa vie d’Homme.

Education intégrale et Libre progrès

Fondateurs : Sri Aurobindo (1872 – 1950) et Mirra Alfassa (1878 – 1973)
Le but de l’Education intégrale, coïncide avec l’aspiration la plus élevée de l’homme : développer son être spirituel, selon un processus de croissance organique permettant d’intégrer les différentes facultés de l’enfant selon son inclination, les étapes de sa progression, ses lois propres de développement, ses dispositions naturelles et sa nature profonde. Dans les écoles issues de cette vision, répandues principalement en Inde et aux Etats-Unis, on ne s’occupe pas uniquement de l’apprentissage intellectuel des disciplines, mais d’un ensemble de sujets et d’éléments d’étude qui doivent être "intégrés" dans le chemin de la connaissance, dans lequel l’esprit occupe la place principale. Il s’agit de favoriser les attitudes innées de l’enfant, suivre "son besoin", mais surtout de l’amener vers sa réalisation intérieure. Le Libre progrès est une pédagogie qui se fonde sur la vision de l’Education intégrale. Selon cette approche, les élèves doivent acquérir un certain nombre de connaissances académiques, mais choisissent librement leur plan d’études. L’école ne prépare pas aux examens ni aux diplômes.

Education lente et Slow Education

La philosophie de l’Education lente (ou la Slow education qui s’inspire du mouvement Slow Food) est basée sur le plaisir d’apprendre pour retrouver le goût de l’apprentissage. Elle est fondamentalement reliée à une démarche écologique, d’éducation au développement durable et pacifiste. Voici quelques principes issus de la Pédagogie de l’escargot, manifeste pour une école "lente et non-violente" de Gianfranco Zavalloni :

  • perdre du temps est gagner du temps
  • apprendre par les mains
  • dessiner au lieu de photocopier
  • supprimer les notes et apprendre à nous poser les bonnes questions
  • la recréation est un droit inaliénable
  • la morale : le Certificat du Bon Sens
  • des potagers pédagogiques pour ralentir avec la nature
  • l’erreur est créative

et... ne pas se prendre trop au sérieux !

Modèle Scandinave

A partir des années 1970, les trois pays, Finlande, Norvège et Suède, ont fait le choix du système actuel : c’est un modèle intégré (un parcours ininterrompu de 7 à 16 ans), opposé a l’ancienne organisation en filières, qui est basé sur une conception commune à la Scandinavie des valeurs de liberté et de démocratie. Bien que ne s’agissant pas d’un courant pédagogique alternatif reconnu en tant que tel, ce modèle est une référence aujourd’hui en éducation. Voici ses lignes de force :

  • chaque enfant est unique, au centre de l’acte éducatif, ses rythmes d’apprentissage sont respectés et la relation avec l’enseignant est fondée sur l’anti-autoritarisme ;
  • il existe une continuité éducative entre les niveaux primaire et secondaire, (un même enseignant pour la même classe pendant toute une scolarité) ;
  • le système d’évaluation est non pénalisant, le redoublement est rare, les notes sont presque absentes, l’auto-évaluation est pratiquée, l’inspection est inexistante ;
  • les enseignants ont une haute qualité professionnelle, avec des formations continues régulières et des salaires supérieurs en moyenne au niveau européen ;
  • il existe une tradition du travail en équipe, autant pour les enseignants que pour les élèves ;
  • les parents d’élèves participent activement à la vie scolaire.

Éducation démocratique

Sous le terme d’Education démocratique on trouve tous ces établissements qui ont une vision non autoritaire et non conventionnelle de l’éducation et qui sont inspirés par une vision  libertaire. Les figures de référence sont Tolstoï, Dewey, Neils, Ivan Illich, Paulo Freire, Krishnamurti et, en France, Paul Robin, Freinet, ou les fondateurs de l’Éducation nouvelle. Une grande importance est donnée à l’éthique et le vivre ensemble car "une école, disait Krishnamurti, doit être un lieu où l’enseignant et l’enseigné explorent non seulement le monde extérieur, le monde du savoir, mais aussi leur propre pensée, leur comportement." Il existe aujourd’hui des réseaux d’écoles démocratiques dans des différentes régions du monde : les plus connus sont EUDEC, Communauté Européenne pour l’Education Démocratique et AERO (Alternative Education Resource Organization) avec IDEA (Institut for Democratic Education in America).

École à la maison

Très répandu aux Etats-Unis, le courant de l’Ecole à la maison suscite beaucoup d’intérêt aussi en France avec, en 2006, 2869 enfants éduqués dans les familles, ainsi que environ 27000 inscrits dans des établissements à distance. Le phénomène est grandissant, souvent dicté par l’incapacité de l’école publique de se concentrer sur les besoins et les rythmes des enfants. Cela est possible parce que en France l’école n’est pas obligatoire : c’est l’instruction qui l’est. L’Article L.131-2 du Code de l’éducation prévoit cette liberté, à condition de faire une déclaration annuelle à la mairie et à l'inspection académique. C’est ainsi que de plus en plus de parents décident de ne pas envoyer leurs enfants à l’école et  s’organisent pour que leur instruction soit assurée à la maison. Des contrôles annuels pédagogiques sont prévus par la loi.

Éducation authentique et Unschooling

L’éducation authentique n’est pas un énième courant alternatif, mais elle se présente comme une alternative à l’éducation. Selon Jean-Pierre Lepri ou André Stern, qui en sont les porte-parole en France, l’école est le lieu où l’on apprend la compétition, la dépendance et la peur, entre autres, de s’exprimer, de poser des questions. Par contre, laissé libre d’explorer le réel à son propre rythme, l’enfant peut déployer sa qualité innée qui est l’enthousiasme, dispositif naturel favorisant tout apprentissage. C’est ce même enthousiasme, que l’enfant exprime surtout dans le jeu, qui a le rôle de solliciter son cerveau et lui permet d’acquérir des vraies compétences. Dans une telle société, la mise en commun des talents et des savoir-faire (comme les réseaux d’échanges réciproques des savoirs) devient "éducative". Les parents qui optent pour cette option sont plus des facilitateurs que des profs, et ils doivent assurer à leurs enfants l’accès à beaucoup de ressources (bibliothèques, médiathèques, musées, télévision, radio...) et être toujours prêts à seconder leur curiosité. Le mouvement Unschooling ("pas d’école"), qui a été fondé par John Holt en 1977, partage cette même vision. En 2005, il y aurait eu 150.000 enfants aux États-Unis, soit 10% sur 1 million et demi des enfants faisant "l’école à la maison".

Pour aller + loin

- Plus d'articles sur l'éducation, sur Colibris le Mag.

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