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Jeunesses eurocéaniques #2

"Community ranger" et potager hollywoodien


Itchy Feat est un média Web alimenté par des étudiants en journalisme : Léopold, Justine et Justine. En ce début de XXIème siècle, la crise écologique bouleverse notre manière d’appréhender le monde, et les jeunes sont en première ligne. Le projet consiste à établir un dialogue avec les jeunesses du Pacifique, région excentrée et soumise à des problématiques environnementales particulières, afin de découvrir leurs aspirations pour le monde de demain.



Cela fait déjà deux mois que nous sommes arrivés en Australie, à Melbourne, dans le Sud-Est du pays. À la recherche des jeunesses du pays et d’initiatives de développement durables, notre route a croisé de nombreuses personnes engagées. Parmi elles, Hannah, une jeune ranger [garde forestière, ndlr] au sein du Parc des Grampians, un parc national du Victoria. 

Parc des Grampians

Hannah est une scientifique environnementale. Durant ses études d’écologie et de biologie à l’université, un voyage au Costa Rica l’a particulièrement marquée. À travers ses cours et ses recherches sur place, elle s’est découvert une passion pour la protection de la planète. En effet, la fragilité de la nature face aux actions de l’homme l’a troublée.

Son choix de carrière provient également de son histoire personnelle. Ayant grandi à la campagne, son père lui a beaucoup transmis sur la nature environnante. 

Elle a donc décidé de consacrer une partie de sa vie à la protection de l’écosystème : elle est devenue “community ranger”. Concrètement, Hannah fait ce qu’elle appelle de l’éducation environnementale, tout en gérant les bénévoles au sein du parc national. À travers des programmes de volontariat, pour les jeunes de 6 à 12 ans comme pour les plus âgés, notre jeune ranger essaye de fédérer une communauté impliquée et consciente de l’impact de la nature sur notre bien-être et notre quotidien. 

Retrouver le lien à la terre

Inquiets devant l’inaction de la majorité de nos concitoyens sur la question écologique, nous avons été rassurés de rencontrer une jeune aussi impliquée dans la protection de la nature, ici, en Australie. Les motivations d’Hannah pour les générations futures sont simples mais essentielles : elle souhaite que chacun arrive à retrouver un lien à la terre et à apprécier ce que la nature nous apporte.

Si le métier de ranger n’est pas nouveau, les branches professionnelles consacrées à la défense de notre planète ont tendance à se développer de plus en plus. 

Commerce éthique

Restaurant solidaire Lentil As Anything

Notre voyage s’articule autour de la recherche de solutions écologiques mais aussi d’innovations sociales. 

Un commerce nous a marqué à St Kilda : le restaurant solidaire Lentil As Anything. Là-bas, on paye ce que l’on veut pour un repas 100 % vegan, non issu de substances animales. Le service est assuré par des bénévoles, dont de nombreux jeunes qui veulent apporter aux autres et s’enrichir des échanges avec les clients. Ava, jeune française, s’est sentie redevable au lieu, qui l’a bien aidée quand elle n’avait plus d’argent pour manger. Elle paye aujourd’hui ce qu’elle considère comme une dette en y travaillant.

Ava de Lentil as anything

Quand on s’assoie à l’une des tables de Lentil As Anything, on se sent comme à la maison. Les gens se saluent, s’arrêtent quelques minutes pour discuter avec des inconnus, puis repartent. 

Passer de l’individuel au collectif

On a rencontré un drôle de monsieur là-bas, qui a vécu en France quelques années. Après avoir capté notre attention par plusieurs réflexions philosophiques du type “La vie est dure sans confiture, elle est meilleure avec du beurre”, il nous a aussi déclaré ne pas imaginer ce type de concept en France. “Les gens ne paieraient pas”. D’un coup, on se sent un peu coupables. Coupables de l’image que l’on reflète, parfois, à l’étranger.

Heureusement, nos différentes rencontres continuent d’animer notre idée de citoyen du monde et notre envie de lutte globale : l’urgence écologique traverse les frontières, et ce qui compte avant tout, c’est le collectif.

Toujours à St Kilda, un potager collaboratif anime la vie de quartier. L’idée est simple : contre une dizaine de dollars australiens annuels pour les frais d’entretien, les habitants ont accès à une petite parcelle de terre pour cultiver fruits et légumes à proximité de chez eux. Autour de Melbourne, il y en a près de 200 aujourd’hui. 

Le potager Veg Out

Le potager Veg Out, lui, va fêter ses 20 ans. Une petite victoire lorsque l’on sait que l’espace qu’il occupe devait être privatisé pour la construction d’un nouveau building il y a quelques années, si les bénévoles ne s’étaient pas battus pour le garder.

Esprit de communauté 

C’est bien là la particularité de Veg Out depuis sa création : la grande communauté qu’il réunit. Au cours de notre balade, les locaux affairés à leur petit jardinage ne manquent jamais de nous saluer et d’entamer la conversation avec nous. Une femme avec qui on discute au détour d’une allée nous parle avec plaisir de cette “wonder place” qu’elle fréquente régulièrement depuis des années. Ici, les gens deviennent amis, se filent des coups de main et passent du temps ensemble lors de grands repas organisés mensuellement. En plus de sa vocation écologique, ce potager réunit des gens aux valeurs communes et participe au lien communautaire à St Kilda.

Pour la petite anecdote, son créateur, Robert Taylor, nous apprend au détour de la conversation qu’il est l’acteur principal d’une grande série hollywoodienne à laquelle il consacre la moitié de son année. Le reste du temps, Robert aime venir se ressourcer au sein de la communauté Veg Out, et le temps que l’on a passé là-bas a suffi à nous faire ressentir l’esprit de communauté qui règne sur les lieux. 

Robert, fondateur du potager Veg Out

Hannah, Ava et Robert ne sont que le reflet des riches échanges que l’on a pu avoir pendant ces dernières semaines. Un partage inspirant avec des gens engagés, passionnés et convaincus que rien n’est perdu et que tout reste à faire. 

Au fil des mois et des rencontres, on change. On évolue, on questionne, on débat, et c’est bien cela que l’on attendait de notre périple.

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