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Ça mousse à Marseille !


Alors que la brasserie artisanale et l’agriculture urbaine sont en plein essor, une houblonnerie urbaine est en train de voir le jour à Marseille. Le principe : faire appel à des particuliers pour faire pousser du houblon sur leur terrasse ou dans leur jardin, le récolter, brasser la bière puis partager la production. 



« Faire des bières dans notre coin, ça ne nous intéressait pas ! », raconte Laure Araque-Goy, co-fondatrice avec son mari Gonzalo d’une micro-brasserie 100 % bio et participative à Marseille. Leur concept : créer du lien, avoir un impact positif sur leur territoire tout en relocalisant l’économie. « Pour nous, la bière est un outil de sociabilité, explique-t-elle. Nous souhaitions développer un côté fédérateur, en créant de l’échange et de la participation. » Ainsi plus de 300 personnes ont été invitées à des dégustations publiques en 2015 et 2016 et mis leur grain de sel à la recette des bières baptisées collectivement Par Faite, « parce que chacun a fait sa part ». Il ne manquait qu’un ingrédient pour fabriquer une bière la plus locale possible* : le houblon bio, très difficile à trouver du côté de Marseille.

Et si on essayait ?

« J’ai rencontré Laure et Gonzalo lors de mon accompagnement à la création d’entreprise, raconte Julien Girardon, docteur en biotechnologies végétales dont le projet est de créer des lits potagers urbains sur les toits et terrasses. Le feeling est passé, nous avons échangé sur nos problématiques respectives et je me suis dit pourquoi ne pas essayer de cultiver du houblon à Marseille ? J’ai d’abord testé chez mon père, à Arles. J’ai planté plusieurs variétés. Cette plante a besoin de beaucoup d’eau et de peu de chaleur, donc l’acclimatation n’est pas évidente. La première année, plusieurs variétés n’ont pas résistées. Mais on s’est aperçus que celles qui tenaient étaient intéressantes au niveau du goût. » 

Septembre, l’heure de la récolte ! Grâce au guide de culture élaboré par Julien, les houblonniers ont su quand il était temps de cueillir les cônes.

Restait à trouver l’espace pour cultiver en ville la précieuse racine, d’où poussent les lianes sur lesquelles fleurissent les cônes utilisés, une fois séchés, pour aromatiser la bière. En mars dernier, Laure et Gonzalo ont distribué une centaine de pieds à 47 volontaires marseillais, prêts à participer à l’aventure. Certains les ont plantés sur leur terrasse, d’autres dans leur jardin, en suivant le guide élaboré par Julien. 

« J’avais l’impression de récupérer un trésor ! »

« Ce que j’ai préféré, c’est recevoir cette racine poilue dans un petit chiffon mouillé, dans une brasserie au fin fond du 11e arrondissement, raconte Matthieu Bégué, l’un des volontaires, qui s’est prêté au jeu par amour pour la bière et du "Do it yourself". J’avais l’impression de récupérer un trésor, qu’il a fallu planter, entretenir, sans garantie que ça pousse ! J’ai vraiment aimé la simplicité de la démarche, le côté vrai, un peu candide. » 

"Cônes", "pompons", "boulettes", des petits noms pour désigner les fleurs du houblon. Après la cueillette, elles sont séchées puis brassées, pour donner l’amertume et les arômes à la bière.

Résultat ? Certaines lianes ont poussé un peu, beaucoup, jusqu’au ciel. D’autres n’ont pas résisté à la sécheresse et au vent. Matthieu quant à lui a réussi à récolter 56,7 grammes de houblon séchés. Il entend bien améliorer sa production l’année prochaine, en protégeant un peu plus les pieds du vent et en rajoutant un peu d’engrais naturel. Cette année, il n’a pas osé.

Pari gagné 

Pour Julien, Laure et Gonzalo, le résultat est vraiment très positif. « Personne ne s’attendait à ce que du houblon pousse à Marseille, s’exclame Julien, satisfait. Malgré tous les obstacles, on a réussi à faire quelque chose de concret, en ville, à fédérer de nombreuses personnes autour du projet ». Au total, 5,4 kg de houblon ont été récoltés entre août et septembre, ce qui a permis de brasser 1800 litres de bière. La BHUM 2017, premier millésime de la Bière de Houblon Urbain Marseillais, vient d’être mise en bouteille. Elle est gentiment en train de terminer sa fermentation. « A priori, les houblons choisis devraient donner un petit goût de fruits rouges et d’agrumes », précise Laure. Les houblonniers amateurs ont rendez-vous le 10 novembre pour goûter le fruit de leurs efforts, choisir ensemble les étiquettes et partager la production, avec l’envie commune de réitérer l’expérience et voir repartir de plus belle leurs pieds de houblon. Tchin !


Pour en savoir plus



* Les céréales sont cultivées dans la région Rhône-Alpes et le maltage se fait à Beauchastel, en Ardèche.

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