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Retrouver l'enregistrement de la web conférence sur la sécurité sociale de l'alimentaiton : pour remettre des communs dans l'assiette

La sécurité sociale de l'alimentation contre les violences alimentaires

C’est un paradoxe bien français : dans un pays riche, plus de 10 % de la population ne mange pas à sa faim, ou pas de manière saine, chaque jour*. Pourtant, la France a signé la Déclaration universelle des droits humains, qui affirme : « Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment pour l’alimentation… »

Aujourd’hui, entre 6 et 7 millions de personnes dépendent de l’aide alimentaire. Et ce chiffre ne cesse d’augmenter. Alors une question se pose : comment construire une véritable démocratie quand une part aussi importante de la population n’a pas accès à ce besoin fondamental qu’est bien se nourrir ? Comment créer du lien social sans partager ce bien commun essentiel qu’est l’alimentation ?

La chercheuse Bénédicte Bonzi parle de « violences alimentaires » : nées de la privation de ce droit fondamental à l’alimentation. Dans notre système, la priorité est donnée à une production tournée vers la rentabilité, l’agriculture industrielle et l’exportation, au détriment de l’intérêt général. Résultat : des milliers d’agriculteurs et d’agricultrices n’arrivent plus à vivre de leur métier. Ils et elles subissent aussi une forme de violence : des pratiques agricoles imposées, mauvaises pour la santé et pour l’environnement, et une pression économique permanente.

Depuis sa création en 2007 par Pierre Rabhi, le Mouvement Colibris place l’alimentation au cœur de son action. Pourquoi ? Parce que protéger le vivant, les communs et la démocratie commence par ce que nous mangeons. Aujourd’hui, partout en France, des groupes locaux se mobilisent (voir notre article sur Kembs). Ensemble, en agissant pour garantir un accès à une alimentation de qualité : saine, durable, et produite par l’agriculture locale, ils tissent du lien, inspirent, créent des coopérations. Bref, ils et elles font de la résilience alimentaire un puissant levier de transformation de leur territoire.

Des initiatives locales au service d'un changement global !

Des associations, des chercheurs, des responsables politiques défendent l'idée d’une Sécurité Sociale de l’Alimentation, sur le modèle de la Sécurité sociale de la santé. Une sorte de « carte vitale de l’alimentation » pour accéder à des produits sains, locaux, choisis, sans que le prix soit un frein. L’objectif est simple et puissant : en finir avec la précarité alimentaire. Ce droit nouveau reposerait sur une solidarité nationale et sur une démocratie alimentaire, où les citoyennes et citoyens reprendraient collectivement le pouvoir de décider comment on mange mais aussi comment on produit !

Pour retrouver la première conférence en ligne de l’année sur le thème de la Sécurité Sociale de l’Alimentation c'est ici !

Lien vidéo SSA


Cette web conférence a été riche d'enseignements sur les origines, la philosophie et les différentes voies pour créer une sécurité sociale de l'alimentation.

Bénédicte Bonzi nous a éclairé sur le sens de ce dispositif : à la fois démocratique, écologique et social.

Elle a dénoncé le caractère inégalitaire et stigmatisant de l'aide alimentaire traditionnelle, issue des logiques caritatives. Tout en saluant l'engagement des personnes, des organisations qui mettent en place ces services aujourd'hui essentiels, elle a appelé à passer à un autre modèle.

Elle a insisté sur la nécessité de passer d’une logique d’aide à une logique de droit, via une sécurité sociale de l’alimentation.

Elle a souligné l’urgence d’un changement de paradigme : l’alimentation ne doit pas être un bien de marché, mais un bien commun garanti collectivement.

La Caisse Locale d'Alimentation de Cadenet a pu donner un exemple de mise en action des principes de la SSA.

Le projet s’appuie sur une gouvernance citoyenne et des producteurs partenaires. Chaque bénéficiaire a droit à l'équivalent de 150€ d'achats chez des producteur-rices conventionné.es choisi·es par les citoyens.

Pour Cadenet les bénéficiaires ne cotisent pas, leur expérimentation est financée par des fondations privées.

Néanmoins, le collectif de Cadenet et l'association "Au Maquis", à l'origine du projet, appellent à ce que la SSA soit financée par des cotisations sociales dont les montants seraient décidés nationalement, comme pour la sécurité sociale de la santé. Pour que chacun et chacune contribue en fonction de leurs revenus.

Le collectif a mis en avant la dimension pédagogique et politique de l’expérimentation : elle questionne la valeur, la démocratie directe, l'éducation populaire et le rôle de chacun dans le système alimentaire.

Quant à Julien Broual, il a pu développer d'autres aspects pour une alimentation plus juste et plus saine sur son territoire.

Le groupe local Colibris de Kembs mène une dynamique citoyenne autour de l’alimentation depuis plusieurs années, entre circuit court et maraîchage sur sol vivant, avec le soutien du réseau "Un Plus Bio".

Julien a insisté sur l’importance du lien aux producteurs et du temps long nécessaire pour faire émerger une nouvelle culture de l’alimentation. Il a également mis en valeur le lien avec les écoles pour la sensibilisation des enfants et des parents.

De nombreux Enjeux transversaux ont été évoqués par l'ensemble des intervenants :

Le modèle de sécurité sociale de l’alimentation vise à démarchandiser l’alimentation en s'inspirant sur la Sécurité sociale de la santé de 1946. Il repose sur trois piliers :

  1. Cotisation universelle (financement)
  2. Droits d’usage pour tous (accès garanti)
  3. Démocratie alimentaire (gouvernance citoyenne des choix alimentaires)

Les intervenant·es appellent à multiplier les expérimentations locales pour préfigurer un modèle national décentralisé et hors de la domination de l’État.

Les spectateur·ices ont posé de nombreuses questions et le chat a été très animé ! Merci à elles et eux !

Prochaine étape : un webinaire apprenant sur le thème de la sécurité sociale de l'alimentation en juin, pour explorer plus en détails la mise en place d'une SSA sur son territoire ! Pour rejoindre le programme des webinaires apprenants, il faut être membre d'un Groupe Local, bénévole ou avoir suivi le MOOC de Colibris (R)évolutions Locales.

*Étude ANSES / https://www.anses.fr/fr/system/files/PRES2017DPA04.pdf 

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