Découvrez le MOOC (R)évolutions Locales pour s'engager collectivement sur son territoire
Recevoir des infos
Le MagDes idées pour construire demain
Mode d'emploi

Lancement de « Graines de Saint-Germain », une microferme en pluriactivité dans le Morbihan


Graines de Saint Germain, c’est un groupe de quatre quadragénaires qui ont décidé de se reconvertir dans un univers professionnel plus en accord avec leurs convictions. Tous ont évolué dans des univers différents depuis presque vingt ans, mais ont décidé de se rassembler autour d’un projet commun : créer leur propre activité agricole. Avec l’envie de produire une grande variété de produits bio, de mettre en place un magasin de producteurs, et de proposer un accueil pédagogique et de la formation.
Karine et Anne-Sophie reviennent sur le lancement de leur projet, et partagent avec nous leur expérience.



Comment vous êtes-vous rencontrés, et comment vous est venue l’idée de monter ce projet ?

Nous avons chacune et chacun évolué dans des secteurs professionnels différents. Karine en tant que professeure de mathématiques au collège et Anne-Sophie dans la communication et l’audiovisuel. Nous nous connaissons depuis plus de vingt ans. Nous avons accompagné nos conjoints dans leur reconversion professionnelle en 2011 : d’ingénieurs en informatique à Rennes à paysans boulangers à Erdeven, et nous avons chacun construit notre maison en habitat partagé, suite à notre arrivée dans le Morbihan.

En ce qui concerne Nathalie et François, après avoir été respectivement professeure des écoles et technicien en bureau d’étude, ils sont devenus maraîchers dans le Berry pendant dix ans avant de vendre leur ferme, avec pour objectif de retourner vers l’océan et leur terre natale. Ils rêvaient aussi d’avoir une activité dans un collectif. En 2016, ils s'installent dans le Morbihan au bord de la Ria d’Étel.

Nous nous sommes rencontrés via le jardin partagé de l’association Les lucioles - Ria d’Étel en Transition, issue de la dynamique des villes en transition de Rob Hopkins. Nous avons ensuite mis en place un jardin expérimental à trois familles pour tendre vers plus d’autonomie alimentaire.

C’est en octobre 2019 que nous avons décidé de sauter le pas et d’aller plus loin : créer, à notre échelle, une activité agricole professionnelle. Nous ne nous sommes pas lancés seuls puisque nous avons monté ce projet en collaboration avec David, Pierre et Félix, les paysans boulangers, ce qui a vraiment facilité notre installation et le démarrage du projet. Nous travaillons donc sur des terres à proximité du fournil, nous mutualisons l'usage d’un bâtiment – pour l’espace de vente, le stockage, le labo de transformation... – et nous vendons ensemble nos produits avec ceux d'autres producteurs locaux et bio.


Avez-vous été inspirés par d’autres projets ?

Nous avons fait beaucoup de visites de fermes et de lieux inspirants, en nous concentrant sur des thématiques qui nous intéressaient : maraîchage, poules pondeuses, transformation, accueil, formation… Nous avons également fait des formations – avec l’Atelier Paysan, la Chambre d’agriculture, le Groupement des Agriculteurs Biologiques, ou encore Accueil Paysan – et des journées de travail dans des fermes pour découvrir des activités. Ces retours d’expérience sont toujours très riches et stimulants, et ils nous ont permis de construire notre projet petit à petit : sur le papier d’abord, en vrai par la suite !


Avez-vous rencontré des difficultés particulières dans votre installation ?

Étant encore en cours d’installation – le Groupement Agricole d'Exploitation en Commun (GAEC) a été créé en octobre 2020 –, la principale difficulté que nous avons rencontrée jusqu’à présent n’est pas d’ordre organisationnel, ni humaine, ni technique mais bien administrative… Nous avons été mal renseignés par la mairie et nous avons donc pris trois mois de retard dans notre planning initial, car notre projet a dû passer par deux commissions départementales pour valider l’installation des serres. Nous avons également été soumis à une prescription de diagnostic archéologique, qui a heureusement été levée, sinon le projet aurait vraiment été compromis…

Tous ces éléments sont vraiment très frustrants dans le montage d’un projet. Ils donnent l’impression de se faire balader de service en service, sans comprendre réellement les tenants et les aboutissants et sans avoir beaucoup de prise sur ce qui se passe. C’est une sorte de « violence administrative ordinaire ». Il faut être persévérants, soudés dans le collectif, et bien accrochés pour faire face à toutes ces vicissitudes...


Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur votre microferme ?

Nous avons vraiment à cœur d’avoir deux facettes. D’une part le volet production, parce que nous pensons qu'il est vraiment important de tendre vers plus de résilience alimentaire locale, de développer l’agriculture biologique sur notre territoire, de produire et de vendre dans un même lieu nos productions, et de rapprocher les consommateurs des producteurs. D’autre part le volet transmission, parce que nous souhaitons produire et transmettre de la connaissance et partager des expériences qui peuvent servir à d’autres. Et puis nous souhaitons aussi faire vivre un lieu ouvert et convivial !


Où en êtes-vous aujourd’hui ? Quels sont les nouveaux défis à relever ?

Nous sommes toujours en cours d’installation, même si les plus gros chantiers sont derrière nous. Durant l’automne et l’hiver derniers, nous avons préparé les terres, installé les serres « mobiles », mis en place l’irrigation, finalisé le bassin de récupération d’eau de pluie, fabriqué notre « poulotte » et mis en place l’élevage de poules pondeuses, commencé à équiper le labo de transformation, et aménagé l’espace de vente.

En avril, nous avons réalisé nos premières ventes d’œufs et de légumes – radis, salades, courgettes… –, et mis en place le circuit d’approvisionnement avec d’autres producteurs locaux et bio (fromages, crêpes, galettes, sel, cidre, jus de pomme, bières…).

Maintenant, nous devons tout mettre en place pour pouvoir gagner notre vie à quatre avec toutes ces activités et sur une surface relativement réduite (1,5 ha), tout en ayant un rythme de travail correct. Chaque phase d’installation nécessite aussi de trouver une nouvelle organisation en collectif : c’est aussi ce qui est riche et stimulant dans un projet de ce type !

Pour aller + loin

- Karine, Anne-Sophie, Nathalie et François recherchent une épépineuse à tomates, des bancs pour l'accueil à la ferme, ainsi qu'une solution pour limiter l'évaporation sur le bassin de récupération des eaux de pluie. Vous pouvez les aider ? Rendez-vous sur la Fabrique des Colibris !

- Plus d’informations sur les actualités, ateliers et formations à venir sur leur page Facebook

Commentaires

Cet article vous a donné envie de réagir ?

Laissez un commentaire !