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Chronique Le Jardin sans pétrole #10

Marjolaine ou origan ? Les jardiniers s’interrogent


Jardiner dans la grande ville ? Difficile. Alors, Christine s’échappe toutes les fins de semaine, pour maraîcher et observer la nature. Médiatrice, écrivaine et journaliste, Christine écrit et expérimente autour des plantes, des jardins et de l’écologie, à Reporterre, où elle tient la chronique hebdomadaire du "Jardin sans pétrole" depuis cinq ans, mais aussi pour les éditions Belin, avec L’herbier Vilmorin (2015).


Par cette chaleur, le jardin sans pétrole a grand besoin d’eau. La marjolaine pousse bien, mais ne serait-ce pas plutôt de l’origan ?

Nous avons quitté la fournaise parisienne sur nos bicyclettes et, une heure plus tard, trouvé un peu de fraîcheur sous les grands cerisiers qui encadrent la porte du jardin. Des amis nous ont rejoints pour le déjeuner. Nous avons laissé le temps s’écouler et attendu que la chaleur retombe, que le soleil s’éloigne au-delà des thuyas pour sortir l’arrosoir et donner à chaque plante une bonne ration d’eau. Le débit de l’arrosage automatique a été réglé en mode survie, 15 minutes le matin à 6 heures, l’installation repensée pour éviter que le tuyau percé n’arrose dans les allées et encourage les herbes folles, notamment les graminées, qui se sont invitées à la suite de nos divers paillages… Avec les températures qui dépassent quasi quotidiennement les 30 °C, un complément hebdomadaire à cette onde vitale, sur les tomates, les haricots blancs et le pied de courgette, n’est pas du luxe.

Nous n’avons pas grand-chose à rapporter du jardin. Deux courgettes, quelques pois gourmands, de la ciboulette, de la menthe poivrée que nous avons transformée en sirop et une belle brassée de marjolaine que nous avons faite sécher. Nous la consommons en tisane, mais elle possède de nombreuses propriétés pharmacologiques que Marie-Claude Caillaud a détaillées dans sa thèse de doctorat en pharmacie.

« Origan, origan commun, origan vulgaire, marjolaine sauvage, marjolaine bâtarde, marjolaine vivace, marjolaine d’Angleterre, thé rouge, thym de berger, pelevoué, pied-de-lit, joie des montagnes… »

D’ailleurs s’agit-il de la marjolaine ou de l’origan ? Origanum vulgare, communément appelé origan, ou marjolaine vivace, est une plante sauvage assez commune en France, qui pousse principalement sur les lisières des bois. Parfaitement rustique, poussant dans tous les terrains, elle forme une touffe ramifiée de 50 à 60 cm de hauteur portant de minuscules fleurs roses en grappe, un peu comme des fleurs de lilas en miniature. Ses graines sont elles aussi minuscules. Vilmorin en 1904 estimait leur nombre à 12.000 dans un seul gramme !

Origanum majorana, communément appelée marjolaine des jardins ou origan des jardins est une plante annuelle ou bisannuelle qui se sème d’une année sur l’autre. Le vert de ses feuilles tire sur le gris, le rose des fleurs est moins vif, la tige d’un carré plus affirmé et les graines trois fois plus grosses, toujours selon Vilmorin.

Après moult recherches et croisement d’informations, je n’ai pas complètement dissipé mes interrogations sur la plante qui pousse dans notre jardin, mais compris que la confusion était de mise tant la différence entre Origanum vulgare et Origanum majorana peut être ténue et les propriétés des deux cousines similaires. Originaires du bassin méditerranéen, elles sont les deux espèces les plus connues du genre Origanum, qui regroupe environ 50 espèces de plantes aromatiques de la famille des lamiacées. Cultivées depuis l’antiquité, elles ont fait l’objet de multiples sélections, voire de croisements. Et la jeune pharmacienne, diplômée de l’université de Nantes, de préciser qu’« origan, origan commun, origan vulgaire, marjolaine sauvage, marjolaine bâtarde, marjolaine vivace, marjolaine d’Angleterre, thé rouge, thym de berger, pelevoué, pied-de-lit, joie des montagnes, ne sont que quelques-uns des noms vulgaires donnés à cette espèce. Cette multitude de noms explique en partie les différentes confusions possibles dans l’identification des plantes du genre Origanum. Ainsi, la distinction entre l’origan et la marjolaine n’est pas toujours clairement définie, que ce soit dans la littérature ou même dans la pratique commerciale (Rameau et al., 2009 ; www.tela-botanica.org). »



Photos : © Christine Laurent/Reporterre sauf photo chapô : « Origanum vulgare » Wikimedia (Franz Xaver/CC BY-SA 3.0)

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