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Chronique Le Jardin sans pétrole #13

Notre ami le lierre, ce protecteur méconnu


Jardiner dans la grande ville ? Difficile. Alors, Christine s’échappe toutes les fins de semaine, pour maraîcher et observer la nature. Médiatrice, écrivaine et journaliste, Christine écrit et expérimente autour des plantes, des jardins et de l’écologie, à Reporterre, où elle tient la chronique hebdomadaire du "Jardin sans pétrole" depuis cinq ans, mais aussi pour les éditions Belin, avec L’herbier Vilmorin (2015).


Le lierre grimpant, longtemps considéré comme parasite des arbres et des vieilles pierres, est en réalité un protecteur, également havre et garde-manger de nombreuses espèces.

Des amis ont eu la gentille idée de m’offrir un abonnement à La Hulotte, le petit journal naturaliste que Pierre Déom, instituteur aujourd’hui retraité, réalise depuis 46 ans de son village des Ardennes. J’emporte avec moi dans le train qui m’emmène au jardin le dernier numéro, consacré au lierre. Les trajets en RER, une heure et demie aller et retour, sont un moment privilégié de lecture en lien avec le Jardin sans pétrole. Le livret de La Hulotte, comme toujours, est consacré à une seule espèce et présente les informations de manière à la fois amusante et rigoureuse. On comprend en le lisant le rôle du lierre dans l’écosystème. Hedera helix, décrit par Linné en 1753, est une liane qui rampe d’abord sur le sol avant de se lancer à l’assaut des arbres, des murs ou des rochers à la recherche d’assez de lumière pour fleurir et se reproduire. À ce stade adulte, la plante modifie son feuillage et devient arbustive. Ses fleurs, les dernières de l’année, nourrissent les abeilles. Il accueille de nombreuses espèces d’oiseaux, des chauves-souris ou le papillon citron.

Lutter contre la pollution

On l’a longtemps considéré comme une plante parasite, destructrice des arbres ou des vieilles pierres sur lesquels il grimpe, alors que les études montrent que le lierre joue plutôt un rôle protecteur. Le lierre grimpant apporte l’été un supplément de biomasse au pied des arbres, qu’il recouvre en perdant une partie de son feuillage, et le protège l’hiver du froid et de l’humidité. Ses racines plongent dans le sol et il s’accroche à l’aide de ventouses sans jamais pénétrer dans l’écorce. C’est d’ailleurs le plus souvent la même chose lorsqu’il s’étale sur un mur, qu’il protège des aléas climatiques. Le seul cas dans lequel sa présence peut nuire est celui où les racines s’insinuent dans le mur. Je lirai gardé pour mon voyage retour la lecture des avantages du lierre contre la pollution.

Quand j’arrive au jardin, je constate que la bâche de la serre, que nous avons réinstallée, a été arrachée par le vent. Elle gît au sol. Délicatement, je laisse l’eau s’écouler, la rabats sur le treillis et constate, contente, qu’elle ne s’est pas déchirée. Les pouces de mâche et les carottes vont continuer à grandir doucement à l’abri, au rythme de la lumière.

Je cueille le long de la clôture les kiwis qui arrivent à maturité et une jolie salade et m’assois sur une pierre pour me remplir de tout les petits bruits des habitants de ce lieu, que je vois rarement mais dont la présence s’écoute ou se lit dans la terre ou sur les feuilles.



Source : Christine Laurent pour Reporterre

Photos : © Christine Laurent/Reporterre sauf chapô : Hedera helix. Wikimedia (chery/CC0)

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