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Chronique Le Jardin sans pétrole #6

Pendant l’hiver, le jardin sans pétrole réfléchit à un nouveau plan végétal


Jardiner dans la grande ville ? Difficile. Alors, Christine s’échappe toutes les fins de semaine, pour maraîcher et observer la nature. Médiatrice, écrivaine et journaliste, Christine écrit et expérimente autour des plantes, des jardins et de l’écologie, à Reporterre, où elle tient la chronique hebdomadaire du "Jardin sans pétrole" depuis cinq ans, mais aussi pour les éditions Belin, avec "L’herbier Vilmorin" (2015).


Le jardin sans pétrole en décembre 2012

Le jardin sans pétrole a cinq ans. Gagné sur les ronces, le terrain avoisine désormais les 130 m². La réflexion s’oriente dorénavant vers l’organisation des plantations, avec l’aide du calendrier du jardinier de Terre vivante.

Cela fait cinq ans que nous avons découvert l’endroit où se trouve le jardin sans pétrole. Ce fut jadis un potager réalisé dans les règles de l’art. Un portail de bois ouvrant sur une allée centrale, des poteaux en ciment soutenant un grillage, des bordures délimitées par des pavés, un arrosage avec asperseur à chaque coin. Des lignes de cultures au cordeau et une rotation des plantes bien maitrisée. Des produits chimiques ? Difficile de le dire.

En décembre 2012, c’était un roncier sous la neige… Depuis, nous avons fait connaissance avec ce bout de terrain entre thuyas et forêt, accueillant trop tard le soleil du matin et perdant trop tôt les rayons du soir, dont la pente légère tire vers le nord, et où la terre sablo-limoneuse peine à garder les nutriments…

Nous l’avons créé en plusieurs fois, ajoutant chaque année quelques dizaines de m2, privilégiant la taille des planches de culture, limitant les espaces de circulation, faisant varier les expositions.

Nous n’allons plus l’agrandir. 130 m², avons-nous mesuré assez précisément ce week-end pour en faire un plan, poursuivant par cette mise à plat une réflexion sur l’organisation des plantations et l’optimisation de l’arrosage.

Un programme de mixité phytosociale

Depuis plusieurs saisons, nous oscillons entre un méli-mélo de plantes et des concentrations de certaines productions (tomates, pommes de terre, haricots verts, pois gourmands, poireaux, carottes, courges, courgettes…) pour lesquelles nous essayons de respecter le principe de rotation des cultures : alterner sur au minimum trois ans les cultures d’une même famille dans le but de mieux gérer les nutriments du sol (chaque famille de plantes a ses exigences propres), les problèmes de maladies (les moisissures et insectes néfastes attendent tranquillement le retour de leur plante hôte). Force est de constater que nous n’y arrivons pas vraiment. Manque de méthode sans aucun doute, mais aussi l’appel du mélange, comme c’est le cas dans la nature. La période hivernale laisse le temps à la recherche de nouvelles inspirations et à la réflexion. La biodiversité et la rusticité des plantes comestibles mise à l’honneur par le jardinier Xavier Mathias dans le calendrier du jardinier de Terre vivante seront précieuses. À Chédigny (Indre et Loire), dans un champ en pleine terre, il cultive et développe près de 300 espèces de variétés alimentaires communes, anciennes, et même extrêmement rares. Ses repères phénologiques [1] seront aussi bien utiles, permettant de se fier à l’éclosion des plantes qui nous entourent pour réaliser les plantations. Enfin, un calendrier avec les conseils d’un expert aide à se projeter et à anticiper ce que nous ferons en 2018.

Sans remettre en question l’ensemble du plan du jardin, j’ai envie de dessiner un espace plus vaste autour du pommier qui a bien poussé et de tenter la plantation d’un mélange de plantes étagées. Il y a déjà un groseillier et un cassissier. Nous pourrions y ajouter d’autres arbustes, mais aussi des plantes lianes ou des haricots à rames, des plantes qui aiment l’ombre, comme l’ail des ours, et côté sud, des carottes, panais ou betteraves. Le jeu consistera à faire des associations en tenant compte de l’ensoleillement, de la complémentarité des racines, des compagnonnages favorables. Un programme de mixité phytosociale, où chaque plante concourt au bien-être de l’ensemble.


Christine Laurent / Reporterre


  1. La phénologie est l’étude de l’apparition d’événements périodiques (annuels le plus souvent) dans le monde vivant, déterminée par les variations saisonnières du climat.

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