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Jeunesses eurocéaniques #4

Rencontres tasmanes


Itchy Feat est un média Web alimenté par des étudiants en journalisme : Léopold, Justine et Justine. En ce début de XXIème siècle, la crise écologique bouleverse notre manière d’appréhender le monde, et les jeunes sont en première ligne. Le projet consiste à établir un dialogue avec les jeunesses du Pacifique, région excentrée et soumise à des problématiques environnementales particulières, afin de découvrir leurs aspirations pour le monde de demain.



On a passé tout le mois de janvier en Tasmanie, une île au sud de l’Australie. Le nom nous évoquait des paysages sauvages préservés, des animaux mythiques et une histoire d’écologie politique, celle de l’un des premiers partis verts au monde créé par Bob Brown au début des années 1970. 

Les Cradle Mountains, au nord de la Tasmanie. 


Nous n’avons pas été déçus : l’île regorgeait de paysages exceptionnels, d’animaux endémiques, comme les diables de Tasmanie, mais aussi d’initiatives durables et de personnes engagées.

Le premier écovillage du périple

S’immerger dans un écovillage était une expérience que l’on voulait vivre depuis les prémices du projet Itchy Feat. Le Tasman Ecovillage, situé au sud d’Hobart a été le premier de notre voyage dans le Pacifique. On l’avait évoqué dans notre chronique précédente alors que l’on y était encore, il est temps de creuser un peu le sujet.

Miles pose devant une des maisons de l’écovillage.


Les quelques jours passés là-bas nous ont permis de découvrir un nouveau mode de vie : celui de la culture du « nous », pour reprendre les dires de Karen, l’une des fondatrices du lieu. Car avant même d’avoir une vocation écologique, le Tasman Ecovillage est une initiative sociale. Il se rapproche d’une « communauté intentionnelle », un groupe d’individus qui choisit de cohabiter au sein d’un même lieu selon les valeurs du vivre ensemble. De la jeune famille au retraité, de l’ancien docteur au jeune agriculteur,  les visages des habitants s’accordent mais ne se ressemblent pas.

Alan a inventé un système de pépinière d'azollas à circuit fermé. 


Alan et Miles, plus de 140 ans à eux-deux, nous ont particulièrement marqués, par leur sagesse et leurs savoirs. Miles a été l’élève de Bill Mollison, le co-inventeur de la permaculture. En trois jours, les deux hommes nous ont initiés aux bases de la permaculture, du compost et de l’efficience énergétique.

Rencontre marquante

Un peu plus tard, après être passés par Hobart, on a croisé le chemin d’Alex. À 22 ans, le jeune homme est ingénieur à mi-temps dans les énergies renouvelables, avec une spécialisation dans la gestion de l’eau.

Alexandre Wylie, un ingénieur de 22 ans au mode de vie radical


Entre deux vagues de surf sur la côte Est, il est bénévole au sein de quatre organisations environnementales : Sea Shepherd, la Bob Brown Foundation, la Wildnerness Society et l’Australian Climate Youth Coalition.

Alex a bouleversé l’image que l’on pouvait se faire de l’engagement et du militantisme. Il ne se contente pas d’un investissement politique et associatif, ou d’un tri régulier de ses déchets. Il a radicalement modifié sa manière de vivre : il vit dans un bus hors d’usage, loué dans un jardin de particulier, et ne dépense que 10 dollars par mois au supermarché. Alex se définit comme « gratuitarien » : son alimentation provient principalement  des poubelles des grands magasins pour lutter contre le gaspillage et les entreprises agro-alimentaires. 

On le savait déjà : les entreprises multinationales détruisent notre planète et notre manière de consommer est notre plus grand levier d’action écologique. En rencontrant Alex, une boule d’énergie de bienveillance et d’érudition, nous avons eu la preuve vivante que l’engagement le plus radical peut être source de bien-être personnel.

Une forêt vierge à défendre 

Peu de temps avant de se quitter, Alex nous a aiguillés pour la suite de notre voyage. Il nous a mis sur la piste de Scott, coordinateur d’un blocus au Nord Ouest de la Tasmanie. Ils bloquent l’accès à la forêt de Tarkine, menacée de déforestation, en occupant la piste qui y accède.  

« Si des personnes comme Scott ou Jenny n’étaient pas là, la forêt serait déjà rasée », nous a raconté Alex. 


Scott est le coordinateur du blocus de Tarkine. 


Il nous a également parlé d’une nuit suspendue dans les arbres, au coeur de la forêt millénaire de Tarkine, pour empêcher la coupe des arbres. Notre curiosité piquée au vif, nous nous sommes rendus sur place. Nous avons découvert à Tarkine la plus grande forêt vierge tempérée d’Australie, l’une des dernières au monde.

La forêt tempérée de Tarkine. 


Depuis quatre mois, des bénévoles de la Bob Brown Foundation ainsi que d’autres militants occupent les lieux pour empêcher une agence de l’état australien d’entamer la déforestation.

Nous vous invitons à découvrir une immersion sonore de notre expérience au sein du blocage de Tarkine :



Notre périple tasman a été profondément marquant en termes de rencontres et d’apprentissages. Nous avons été confrontés à de nouvelles manières de s’engager et de percevoir le monde de demain. Des découvertes inspirantes que nous emmenons avec nous pour la suite de notre voyage, vers la côte Est de l’Australie.

Commentaires

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Merci et bravo pour votre article. Je suis toujours enthousiasmée et fière que des jeunes s'investissent dans voie du militantisme écologique non violent.
Heureusement nous avons de tels personnages en France et les associations telles que DESOBEISSANCE CIVILE, permet une convergence des luttes qui me semble essentielle. Car si certain ont compris que l'Ecologie est la cause commune à toute, d'autres n'ont pas encore eu le déclic. Ceci etait dit s'insurger et agir sont deux pas qui peuvent-être "difficiles" de faire mais quand on les a fait ... quel bien-être, quelle cohérence interne.