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Sébastien, fondateur de l'école Montessori 21 Paris-Jaurès

Sébastien est le fondateur de l’école Montessori 21 Paris-Jaurès, école bilingue, solidaire et participative, qui ouvre ses portes Quai de la Loire, dans le 19e à Paris.
Dans cet entretien, il nous parle de son engagement, de ses valeurs, de ses projets, et de sa rencontre avec Mathieu, directeur de Colibris...


Entretien réalisé par Ayanna Mouflet 
Comment as-tu connu le mouvement Colibris ?

J’ai connu le mouvement Colibris en allant, avec ma compagne, à une formation sur les Oasis, pendant un week-end. Et je me suis aperçu qu’il y avait pas mal de valeurs qu’on partageait… Avant de rencontrer les Colibris, j’avais une volonté de construire un écocentre urbain, parce qu’il y a beaucoup d’Oasis à la campagne, mais pas beaucoup en ville, or on est quand même un bon paquet à vivre en ville ! J’avais monté un projet qui visait à construire en un même lieu, une école ou un collège alternatif, une ferme urbaine, un atelier partagé, et un bar-restaurant solidaire. J'en ai parlé à Mathieu, directeur de Colibris, qui m’a dit que Colibris cherchait justement un lieu en ville pour s’installer. De fil en aiguille on a discuté d'un projet commun. L’idée a germé que les Colibris occupent une partie des espaces de l’école, et que nous travaillions en parallèle à un projet plus gros : un collège alternatif, le siège de Colibris, une ferme urbaine…

Comment fais-tu ta part en tant que colibri ?

J'ai fait un choix fort en quittant une vie professionnelle assez dense et assez classique, pour donner accès à la pédagogie alternative et à une école Montessori de grande qualité à tout le monde : c’est le projet Montessori 21, où les parents paient en fonction de leurs revenus, et où ils participent à la vie de l’école. Cela a demandé beaucoup d’énergie : trouver le bon modèle économique, le lieu, le financement, convaincre les gens, riches comme pauvres, de venir dans le même endroit. Faire ma part, ç'a donc été d'essayer de faire une école qui ne soit pas une bulle de privilégiés au sein d’un quartier populaire, mais d’en faire un espace ouvert sur le quartier, sur le monde… et qui profite à tous.

Tu évoques une tarification progressive, est-ce que tu pourrais m’en parler ?

En fait l’école a quatre caractéristiques : elle est de pédagogie Montessori, elle est bilingue (donc deux éducateurs par classe, un anglophone et l’autre francophone), elle est solidaire, c’est-à-dire qu’on paie en fonction de ses revenus (on a huit tarifs qui vont de 90 euros à 790 euros par mois, ce qui est peu pour une école alternative à Paris), et enfin c'est une école participative, puisqu’on demande aux parents de participer à hauteur de 2h par semaine par famille, sur le temps de la cantine, sur le temps périscolaire…

Si on devait retenir des principes innovants qui t’ont marqué dans la pédagogie Montessori…

Mes deux garçons étaient à l'école publique, et ce qui m’a frappé c’était à quel point l’enseignement n’était pas basé sur le plaisir d’apprendre, ni sur l’envie d’apprendre. Je parle du système, pas des enseignants, qui peuvent bien sûr être supers, mais qui ne sont pas aidés dès qu’ils innovent un peu... Puisqu’il y a un programme officiel, tous les enfants doivent apprendre la même chose au même moment… On a l’impression que le système n’est pas pensé pour les enfants, mais pour lui-même ! Ce qui m'a plu dans la pédagogie Montessori, c'est que c'est l'inverse, le but premier, c’est de préserver l’envie d’apprendre des enfants. Leur faire confiance. Ils ont la dynamique en eux, la dynamique propre d’apprentissage, et le plus grand cadeau qu’on puisse leur faire c’est le préserver, l’orienter et l’encadrer. Il y a une phrase forte de Maria Montessori qui dit : "aide-moi à apprendre par moi-même". On ne se substitue pas à l’enfant, on l’accompagne, on le rend confiant en lui, autonome, on l’aide à s’adapter aux situations plutôt que de le forcer et de le contraindre à un modèle unique.

C'est également redonner une place de confiance aux professeurs. C’est-à-dire plutôt que d’avoir une inspection qui vient vérifier s’ils ont bien appliqué le programme, avoir des gens pour les épauler. Parce que c'est quand même un métier qui nécessite de la passion, et si jamais on casse cette passion à force de vouloir mettre des processus partout, on tue le désir d’enseigner. Et c’est la pire chose, parce que pour que les enfants aient envie d’apprendre, il faut qu’il y ait des profs qui ait envie d’enseigner.

Donc retrouver l’envie d’apprendre pour les élèves, et la passion pour les enseignants… Comment développer ce modèle ?

J’ai créé, avec Simone Hammer et Laure Foullon, la Fédération des écoles Montessori 21 : l’ambition est d’aider les gens qui veulent créer leur école sur ces principes (bilinguisme, solidarité, participation) à passer à l’acte. Il y a des gens qui souhaitent créer des écoles Montessori, mais qui se disent que c’est trop compliqué. Pourtant possible de le faire ! On va proposer à des porteurs de projets qui adhèrent à ce modèle de les accompagner pour lever les obstacles financiers, organisationnels, juridiques qu’il y a lorsqu’on veut monter une école... Récemment, 15 porteurs de projet potentiellement intéressés sont venus pour deux jours de formation. S’ils valident leur projet, on va les accompagner pendant plusieurs années, mutualiser des outils (comptables, administratifs, de formation, d’équipement...). On a pour ambition d’aider à créer une trentaine d’école en 5 ans.

Merci Sébastien !


Pour en savoir plus sur Montessori 21 : www.montessori21.org

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