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Agora 2020 - Nouvelles formes d'installation en zones rurales

Changer de vie pour changer la vie des territoires

Abritée par la superbe charpente de la salle de musique à la Ferme de la Volpelière, la centaine de participants à la première rencontre de l’Agora n’a pas chômé. Le menu des échanges ces 7 et 8 février fut copieux,  et passionnant !



« Depuis les quatre dernières années, 600 à 800 000 personnes ont quitté les grandes villes et les espaces périurbains pour gagner les territoires ruraux. On estime que cette déprise urbaine atteint même 40 % de la population des métropoles de plus de 200 000 habitants… » Le constat dressé par le géographe Guillaume Faburel, professeur à l’université Lumière Lyon 2, en a surpris plus d’un.

Déconnexions urbaines

Comme l’ont montré de nombreux porteurs de projet ou d’expériences d’installation à la campagne, à ces tentatives de « débrancher » des villes, ils ont répondu par une puissante aspiration à refaire du lien entre humains et avec la nature, à redonner du sens à leur quotidien et à réinventer de nouvelles formes de travail. Souvent avec talent, parfois avec difficulté, toujours avec l’obstination de mieux se relier les uns aux autres. En fait, ils n’entendent pas seulement changer de vie : ils tentent aussi de changer la vie dans ces territoires, en testant des formules d’habitats, de relations et d’activités professionnelles plus coopératives et écologiques.

Si Laurent Rieutort, géographe à l’Université Clermont-Auvergne, insistait sur les « potentiels négligés de la ruralité », sa collègue Hélène Tallon a vanté « la grande agilité et créativité de nombreux néoruraux à travers la pluriactivité » : des combinaisons de travaux, plus ou moins lucratifs, conduits sous divers statuts, menés en parallèle ou au fil des saisons, seuls ou en collectif. « Toutefois, a-t-elle mis en garde, certaines installations de jeunes issus des villes s’effectuent hors des clous des parcours professionnels traditionnels. Elles passent dès lors sous les radars des administrations. Ce qui peut conduire à une réelle précarité et même à une invisibilité de la part des collectivités et des structures professionnelles. C’est l’un des écueils de ces nouvelles formes d’installation. »


Le défi de l’accueil des nouvelles formes d’installation

Des formes d’habitats, de modes de vie et d’installation en agriculture ou dans l’ESS (économie sociale et solidaire) sont trop souvent considérées comme « atypiques » ou « marginales ». Si bien qu’elles ne bénéficient pas de l’attention, de l’accueil et de l’accompagnement des collectivités et des organisations professionnelles. C’est sur cet immense défi qu’ont réfléchi les participants de cette Agora. Avec des élues aussi, comme Cécile Gallien, maire de Voirey-sur-Arzon en Haute-Loire et vice-présidente de l’Association des Maires de France. Mais aussi avec diverses structures d'accompagnement à l'installation de l'ESS (Avise) et du milieu agricole (Relier, Terre de Liens, Les Localos, ARDEAR, l’Université du Domaine du Possible…).


Marie-Hélène Pillot, Colibris

Les néoagriculteurs ont-ils un avenir ?

En agriculture, les jeunes non issus du sérail – les néoagriculteurs – n’ont bien souvent pas accès aux terres ni aux fermes. Leurs envies de produire des aliments en s’appuyant sur la nature et de pouvoir diversifier leurs activités n’aident pas non plus ces nouveaux postulants agricoles à s’intégrer à ce milieu. Alors même que plus d’un tiers des agriculteurs actuels vont partir à la retraite dans les dix ans, et que leurs enfants ne se précipitent pas pour prendre la relève… Sacré défi pour l’avenir de l’agriculture. Surtout que les tensions s’accumulent aussi entre les agriculteurs, à présent minoritaires dans les campagnes, et le reste de la population qui supportent de moins en moins le bruit et les odeurs de leurs troupeaux, mais aussi les épandages des pesticides… 

Là encore, « la reconception des systèmes agricoles » par la pluriactivité et l’agroécologie, le changement d’échelle de microfermes, la sauvegarde des paysans par l’émergence de territoires nourriciers et d’une agriculture plus coopérative apparaissent comme autant d’espérances riches en transformations radicales dans les campagnes. Encore faut-il connaître l’importance démographique et la diversité des parcours de ces néoagriculteurs, pour mieux les aider à réussir et à essaimer. « Un groupe de travail entre chercheurs et associations d’accompagnement à l’agriculture paysanne pourrait permettre de rassembler ces données éparses, et leur donner une réelle visibilité », a soufflé l’économiste agricole de l’INRAE de Dijon, Bertrand Schmitt.

Vincent Jannot, directeur des partenariats et des programmes à Terre de Liens


Des questions plein la tête, avec l’envie d’approfondir l’échange et d’esquisser collectivement des solutions, les participants se sont donnés rendez-vous à la 2ème rencontre de l'Agoraelle aura lieu à Chizé, près de Niort, les 20 et 21 mars. On vous en reparle très vite.


Revivez ce weekend vidéo :


En savoir plus

- Tous les podcasts de la rencontre

- Toutes les photos de l'article et de cette rencontre ont été réalisées par Geoff Boulay. Pour visionner notre sélection de ses photos sur notre Photothèque, c'est par là !

- Le site de l'Agora

Commentaires

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Merci pour cette belle agora. Il reste une énigme en parcourant les invités. Vous avez laissé la parole a une élue de laREM. Ce parti s'acharne à détruire toute ruralité et à paupériser l'ensemble des français dans un système néo-libéral appliquant servilement les directives de Bruxelles. Leur seul enjeu est de tout vendre et de cultiver un "en même temps" schizophrène. Tout privatiser, vendre le pays à la découpe à des intérêts financiers mondialisés. Cette femme qui se réclame de ce parti et qui voudrait proposer des voies constructives de néoruralité s'en rend elle seulement compte ?

Bonjour Louis. Cécile Gallien est vice-présidente de l'Association des Maires de France et maire de Vorey-sur-Arzon (Haute-Loire). Elle est aussi co-auteure de « 200 propositions pour la ruralité », remis mi-juillet au Premier ministre par deux parlementaires et trois maires, sur lesquelles nous l'avons interrogées et avons échangé au cours de cette rencontre de l'Agora. Par ailleurs, comme nous l'indiquions dans le programme, elle est membre du bureau exécutif de LaREM.

Les échanges furent très riches avec elle et des interpellations sur la politique de la majorité en matière agricole et rurale ont eu lieu. Nous assumons parfaitement cette diversité parmi les intervenants qui, sans doute différemment de nous, défendent le maintien d'une agriculture de proximité et une ruralité plus écologique. L'Agora est un espace de dialogue, parfois de confrontations, toujours dans un cadre de respect : c'est pour nous la condition de sa réussite, afin de sortir de l'entre soi et donner à tous les participants les outils pour construire sa réflexion et avancer ensemble. Sa présence, saluée par plusieurs participants, a été apprécié à ce titre.

Bonjour,
le compte rendu des ces rencontres est succint, je me doute que vous avez abordé le thème de l'habitat, et le manque de logement en milieu rural, malgrés de nombreux logements, vacants, des gites de tourisme...
L'habitat léger/mobile doit être parmi les sujets majeur pour la nouvelle société rurale, pour sa vitalité, et même pour sa survie.
Nous sommes en concurrence avec un modèle économique local, qui privilégie le tourisme comme activité économique rentable au détriment de la vie rurale, de l'économie locale, pérenne, écologique.

Ce serait chouette de promouvoir la campagne de la Coalitions pour l'habitat Léger.
https://habitat-leger.org/

Merci, à bientôt
Benjamin du Tarn, membre d'un groupe local sur l'habitat léger.

Bien d'accord avec vous Benjamin : l'accès à l'habitat (et au foncier) est un sacré frein pour l'installation en campagne de nombreux néoruraux, même si les prix sont la plupart du temps bien inférieurs en zones rurales par rapport à ceux des villes et métropoles. C'est d'ailleurs l'une des raisons du départ de centaine de milliers d'urbains vers les campagnes... Ce sujet de l'accès à l'habitat et ai foncier a été abordé effectivement, mais il sera au cœur de notre 3ème rencontre – avec diverses pistes, dont les habitats légers que votre réseau viendra présenter – les 19 & 20 juin à Saint-Croix dans la Drôme. On vous y attend avec plaisir !