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Florent Pasquier : retrouver le pouvoir d'agir

Intervenant du MOOC "Améliorer l'Éducation autour de moi", Florent Pasquier fait bouger les lignes dans l’Enseignement Supérieur ! Il développe auprès de ses élèves des pratiques de participation active et intègre à ses recherches des champs plus rarement explorés, parmi lesquels le pouvoir d’agir. Un défi qu’il relève et dont il nous livre les ressorts.

Entretien réalisé par Ayanna Mouflet

Comment s’est faite ta rencontre avec Colibris ?

M’étant intéressé à d’autres façons de faire de la politique, j’avais entendu parler de Pierre Rabhi et de son approche humaniste après qu’il se soit présenté à l'élection présidentielle de 2002. Mon épouse, Anne, m’avait également parlé du centre agroécologique des Amanins (situé en Drôme et cofondé par Pierre Rabhi et Michel Valentin, ndlr). Nous écrivons d’ailleurs actuellement un livre sur l’art de vivre en paix, fondé notamment sur la pédagogie d’Isabelle Peloux, directrice de l'École du Colibri aux Amanins, et nous avons également suivi deux stages avec elle. On est donc en plein dans la philosophie Colibris !

Comment fais-tu ta part ?

J’essaie de mettre cette philosophie en pratique dans mon métier d’enseignant-chercheur. Je pourrais la résumer en quelques mots : participation active, co-responsabilité, mise en œuvre des valeurs humanistes, comme l'écoute, le partage, l'attention et la bienveillance. J’enseigne à l’ESPÉ de Paris (École Supérieure du Professorat et de l'Éducation, anciens IUFM), mes élèves sont donc essentiellement des futurs enseignants. Concrètement, j’essaye de définir avec eux les contenus des cours en fonction de leurs besoins, et de définir avec eux un plan de travail progressif, plutôt que de préparer quelque chose de manière frontale. J’essaye également d’appliquer la bienveillance dans ma relation avec eux et entre eux : à chaque début de cours j’établis une charte relationnelle, un outil classique qu’on a appris chez Isabelle Peloux, mais aussi chez Unipaz, association spécialisée dans l'éducation à la culture de paix.

Mon engagement avec Colibris a donc eu des répercussions très concrètes, puisque cela a modifié ma pédagogie ! Cela impacte aussi mes recherches. Je prépare une note de synthèse en vue d’une habilitation à diriger les recherches qui s’intéresse à l’ontologie, la science de l'Être, en Éducation, où je vais mentionner notamment les courants de la psychologie transpersonnelle et de la transdisciplinarité, de l’implication active et du pouvoir d’agir.

Comment définis-tu le pouvoir d’agir ?

Le pouvoir d’agir c’est la capacité des acteurs à se prendre en main eux-mêmes et à ne pas attendre de l’extérieur ce qu’ils souhaitent voir advenir. "Soyez le changement que vous voulez voir pour le monde", disait Gandhi. J’ai aussi rencontré cette idée auprès du Pacte Civique, qui est un courant proche des Colibris, et plus précisément au sein de l’association RECIT (Réseau Écoles de Citoyens). J’ai travaillé pendant deux ans et demi au sein de l'atelier "Transformation personnelle, transformation collective, transformation sociétale". Dans la lignée, nous sortons prochainement un livre avec quatre co-auteurs, qui s’intitulera "Réinvestir l’humain : individus – collectif – société". On y a mis au point une trame d’atelier type de pouvoir d’agir pour se transformer à ces trois niveaux. Et là on retrouve totalement la philosophie Colibris à savoir que le changement commence d’abord par soi, puisqu’il fait tache d’huile autour de soi, puisque c’est l’union, la fédération de toutes les initiatives personnelles et collectives qui amène ensuite à des prise de consciences qui permettront d’orienter les objectifs vers plus de justice sociale, d’équité… Le canevas de ces ateliers est suffisamment ouvert pour que n’importe qui, n’importe quel collectif, puissent se l'approprier. On y propose quatre temps : une présentation de chacun et l’expression de ce qu’il sait faire et ce qu’il a envie de faire, l’établissement d’un programme par les participants eux-mêmes, puis il y a la mise en œuvre, et enfin des temps de partage pour intérioriser et prendre le temps de se changer par rapport à ce qui aura été vécu.

Comment es-tu perçu dans le monde de la recherche et de l’Éducation Nationale ?

Dans le monde de l’enseignement supérieur et de la recherche, il n’y a que peu de collègues et de laboratoires qui s’intéressent à ces questions et à des notions comme la psychologie transpersonnelle, le pouvoir d’agir, les recherches en bonheur ou encore la dimension de la spiritualité laïque. Là où le monde universitaire pourrait s’ouvrir, c’est en ayant plus de curiosité pour ce qu’il ne connaît pas encore, tout en gardant une dimension critique et scientifique.

Merci Florent ! 


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