L’atelier de co-réparation des Colibris de Thouars fête ses six mois !
L’atelier de co-réparation des Colibris de Thouars fête ses six mois !
Réparer pour moins jeter, c’est le maître mot de l’atelier de co-réparation du groupe Colibris de Thouars, dans les Deux-Sèvres. Les bénévoles se mobilisent pour accompagner les habitant·es et inventent, avec les collectivités locales, un territoire plus résilient.
Réparer ensemble, apprendre ensemble
À Thouars, depuis début 2025, les bénévoles du groupe local Colibris transforment l’adage « rien ne se perd, tout se répare » en rendez-vous conviviaux. Plusieurs fois par mois, sans inscription et gratuitement, chacun·e peut venir avec son grille-pain récalcitrant, une chaise branlante ou un manteau troué. Ici, il ne s’agit pas seulement de redonner vie aux objets : on apprend, on partage des savoir-faire, on transmet le goût du bricolage collectif.
« L’objectif n’est pas de remplacer les réparateurs, mais de montrer comment faire soi-même, d’apprendre à manier un multimètre ou à repérer une vis cachée »
« L’objectif n’est pas de remplacer les réparateurs, mais de montrer comment faire soi-même, d’apprendre à manier un multimètre ou à repérer une vis cachée », explique Michel, membre du cercle cœur. Passionné de bricolage depuis l’enfance, il souligne : « On veut donner aux gens des clés pour réfléchir et réparer, pas seulement leur rendre un objet fonctionnel. »
Six mois, trente réparations et des rencontres
En six mois, l’atelier a redonné vie à une trentaine d’objets : plaques chauffantes, imprimantes, crêpières, prises électriques, vêtements abîmés… Chaque séance est différente, selon les personnes présentes et les compétences disponibles.
Les débuts ont été modestes, parfois hésitants : « Nous avions peur de ne pas savoir assez », sourit Michel. Mais les forces se sont vite multipliées. Serge, ancien professionnel de la réparation, a rejoint l’aventure, apportant son expérience technique. Puis une jeune diplômée des Beaux-Arts a enrichi l’atelier de son savoir-faire autour du bois et des objets d’art. D’autres bénévoles, couturières averties, ont ouvert une section couture. L’atelier est ainsi devenu une sorte de « boîte à outils vivante », qui s’étoffe à chaque nouvelle rencontre.
Aujourd’hui encore, des personnes nous demandent: « J’ai un appareil qui ne marche plus, pouvez-vous m’aider ? » Les bénévoles répondent autant que possible, épaulés par un ancien professionnel de la maintenance électronique, des bricoleurs aguerris et des couturières passionnées.
Quand les collectivités s’y intéressent
Au départ, les ateliers se tenaient chez les bénévoles, chacun·e apportant ses outils. Mais l’initiative a rapidement séduit la ville : la municipalité a mis à disposition un local de 26 m², puis la communauté de communes a proposé un soutien financier pour l’achat de matériel. Une reconnaissance institutionnelle qui ouvre de nouvelles perspectives : mutualisation avec la recyclerie locale, ateliers vélo, et même constitution d’un réseau de « pôle réparation » à l’échelle intercommunale.
Car la réparation ne concerne pas seulement les objets : elle retisse des liens sociaux, renforce le pouvoir d’achat, dynamise les territoires et crée des emplois non délocalisables. Comme le rappelle un rapport de l’Adème, la réparation est une pièce essentielle d’un système circulaire et solidaire.
Un bouche-à-oreille qui fonctionne
Les participant·es sont pour l’instant surtout des seniors, mais le groupe cherche à élargir son public en variant les jours et horaires. La communication se fait par le groupe Facebook, les réseaux de voisinage, et parfois les médias locaux, comme La Nouvelle République qui suit régulièrement leurs activités.
Prochaine étape : le samedi 18 octobre, l’atelier participera à la Journée nationale de la réparation, avec des animations thématiques et la présence de plusieurs associations. Ce sera aussi l’occasion de pousser plus loin le dialogue avec la communauté de communes pour créer un pôle partagé, au service des 30 000 habitant·es du territoire.
Des projets qui essaiment
Les idées fusent : organisation du Village de la transition en juin 2026, partenariats avec les autres structures de réemploi, et bientôt un rapprochement avec le lycée Jean-Moulin. L’établissement s’est récemment doté d’une imprimante 3D : de quoi imaginer des ateliers croisés entre bénévoles, enseignant·es et élèves, pour explorer la réparation augmentée et sensibiliser la jeunesse à la sobriété créative.
« Je connaissais Pierre Rabhi, que j’avais rencontré à Paris. À l’époque, j’étais président d’une association de conseil à la création et reprise d’entreprises. C’est une personne accompagnée dans la reprise du Biocoop de Thouars qui m’a proposé de créer un groupe Colibris. »
Une réparation qui rayonne
À Thouars, l’atelier de co-réparation des Colibris illustre la puissance d’une graine semée par quelques bénévoles et qui germe grâce aux institutions, aux habitant·es et aux partenaires. Un exemple concret de territoire qui se « répare » en même temps que ses objets.
Comme le dit Michel : « On apprend ensemble, on redonne une deuxième vie aux choses, et on créé des liens entre les gens. »
Alors, comme à Thouars, faisons notre part : réduisons, réparons, réutilisons, recyclons.
Et l'idée a même séduit le quotidien local !
Contact : thouars[at]colibris-lemouvement.org
La réparation, un marché d’avenir Le marché français de la réparation atteignait 3,1 milliards d’euros en 2023 (+20 % depuis 2021) et devrait encore croître de 4 % d’ici 2026, porté par l’électroménager, l’informatique et les vélos. La demande est stimulée par l’indice de réparabilité et le fonds réparation, mais l’offre reste limitée : 20 000 réparateurs manquent, avec une répartition territoriale inégale et un vieillissement du métier. (Source : Conseil national du commerce, 2025) |
Les collectivités territoriales ont bien compris tout l’intérêt des démarches de recyclage comme le montre ce schéma issu du rapport de l’Adème sur les recycleries.
Le champ de la réparation, du réemploi :
- contribuent au lien social ;
- sont un outil de mobilisation citoyenne et de dynamiques territoriales ;
- participent à des solidarités pour le pouvoir d’achat ;
- constituent un potentiel de création d’emplois non délocalisables.
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