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Pour un hôpital écologique !


Depuis le début de la crise sanitaire, certains bénévoles de l'association Colibris se sont retrouvés dans des situations bien particulières. Nous avons tenu à rendre visibles ces personnes, à leur ouvrir un espace pour partager leur expérience au quotidien, leurs témoignages et leurs points de vue sur cette période particulière, que ce soit de leur vision personnelle, professionnelle ou bénévole.
Noëlle est praticien hospitalier dans un service de médecine interne et de maladies infectieuses au Centre Hospitalier Universitaire (CHU) de Bordeaux. Par ailleurs, elle est aussi bénévole au sein du groupe local Colibris de Bordeaux. Elle nous raconte comment elle a vécu cette période, et les changements qu’elle aimerait voir opérer dans le milieu hospitalier, avec des propositions grandement inspirées par son implication à Colibris.


- Comment avez-vous vécu cette crise sanitaire, personnellement et professionnellement ?

J’ai eu peur... Quand j'ai vu la situation très grave dans l’Est de la France, je me suis demandé si nous allions vivre le même tsunami. D’autant que j’ai débuté à l'hôpital au début des années 90 en pleine épidémie du Sida ; des professionnels vêtus de pied en cap, la peur de transmission du virus... Cette crise du coronavirus m’a vite rappelé ce que nous avions alors vécu dans le monde médical : notre impuissance face à quelque chose qui nous dépassait, nos certitudes bousculées.

À titre personnel, j’ai ressenti de la gravité dans ce qui se passait ; nous étions face à l'inconnu. 

- Comment vous êtes vous adaptés face à la situation, dans votre service ?

Deux unités du service sont devenues des unités Covid, ce qui nous a demandé une réorganisation totale. Globalement, face à l’urgence, l’hôpital a fait preuve d’une grande adaptabilité avec une réactivité… inhabituelle ! À une vitesse vertigineuse, chaque professionnel de santé a su s’adapter et contribuer à la transformation indispensable de tous les services. Impressionnant ! 

Nous avons dû limiter les visites des familles et ceci a été particulièrement difficile lorsque le premier patient âgé est décédé dans l’unité. Nous avons alors adapté les consignes pour les patients en fin de vie afin que les proches puissent venir, accompagner et se dire au revoir dignement.

- Quel manque cela met en lumière selon vous dans le milieu de la santé ?

Je ne veux pas m’attarder sur les manques car je préfère parler des solutions. Mais ce que vit notre système de santé depuis plusieurs années n’est plus tenable : la réduction drastique des budgets et du nombre des salariés entraîne une déshumanisation des soins par manque de temps. Les professionnels ressentent une perte de sens (et de bon sens) et cela engendre de la souffrance. 

- Quel lien faites-vous entre l'hôpital et les questions écologiques ?

Selon moi, le système est à revisiter globalement pour aller vers un fonctionnement plus écologique et plus humain, comme je le vis et l’apprends auprès des Colibris. Je suis maintenant copilote du groupe développement durable du Centre Hospitalier Universitaire de Bordeaux. Tous les établissements hospitaliers tournent 24h/24h, ce qui nécessite beaucoup d’énergie, d’eau… et produit beaucoup de déchets. Sans parler du transport des salariés et usagers qui génère une quantité énorme de gaz à effet de serre. 

La question qui me paraît essentielle aujourd’hui est : comment rendre l’hôpital plus écologique, et plus économique ? Car cela va souvent de pair : c’est l'écolonomie dont parle Emmanuel Druon ! Certaines choses sont déjà en place mais beaucoup reste à faire ! 

Cette crise a déclenché une connexion entre les hôpitaux qui ont envie que ça change. Nous avons d’ailleurs écrit à plusieurs un manifeste qui évoque aussi la question de la résilience de nos établissements (par exemple, en relocalisant nos approvisionnements en produit de première nécessité).  

- Vous avez une vision globale du milieu médical, auriez-vous un dernier mot à ajouter au sujet de cette crise ?

Il est urgent de nous reconnecter avec la nature. En tant que médecin, c’est pour moi la question du lien entre la santé et l’environnement : comment prévenir plutôt que soigner les maladies liées à la pollution de l’air, aux pesticides, au manque d’activité physique, à une mauvaise alimentation ? C’est essentiel.


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