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Donner une nouvelle vie aux terres en les rachetant

Nous avons le pouvoir de sauver des terres, prenons-le !


Un groupe de citoyens rachète des terres pour aider des paysans à s’y installer”. Voilà une information que l’on voit désormais régulièrement dans nos journaux. Et ce sont toutes sortes de personnes qui unissent leurs économies pour acheter des terres, parfois pour que des éleveurs ou agriculteurs s’y installent, parfois pour éviter la construction de grands complexes, ou simplement pour laisser la terre se régénérer après des années de “maltraitance” par l’agriculture industrielle et les traitements chimiques. 

Des citoyens qui achètent ensemble des terres, c’est un concept qui existe légalement depuis les années 1970 avec les Groupements Foncier Agricole (GFA). Mais depuis vingt ans, cette pratique s’est répandue. Avec l'avancée de l'artificialisation des terres agricoles, la consécration de l’agriculture chimique et l'avènement de “fermes-usines”, les citoyens du monde se demandent comment ils mangeront demain. Peut-on décemment regarder ailleurs quand nos terres deviennent peu à peu stériles à la vie ? Petit tour des initiatives remarquables parmi mille qui fleurissent en France.


©PatrickLazic

La grande idée : mettre nos économies dans le sauvetage des terres. 

Que ce soit sous la forme d’un prêt, d’une part sociale au sein d’une coopérative, d’un don ou d’un lègue, il y a autant de façon d’investir son argent qu’il y a de m2 de terre à préserver. Au bout de ce geste, on (re)crée une nouvelle petite ferme bio qui respecte le vivant, un parc naturel, une friche pour la biodiversité, etc. Et c’est le cas aujourd’hui de nombreux projets en France :

À Plœmeur (Morbihan), des terres soutenues par des associations
Les associations Nature et culture, Tarz Heol et le collectif des Coquelicots ont décidé de soutenir un projet de campagne d’épargne citoyenne pour acquérir des terres agricoles bios. 

À Trémargat (Côtes-d’Armor), où la Mairie s’est engagée
La mairie a initié en 2013 une SCI pour acquérir les terres dans et autour de la commune. 

En Sud-Ardèche, une coopérative citoyenne pour que le bon vin ne se perde pas
Pour éviter de perdre trop d'hectares de vignes, des citoyens mettent leurs espoirs dans une société coopérative qui va permettre de racheter des terres afin d’y installer de nouveaux vignerons. 

À Moëlan-sur-mer (Bretagne), la collectivité favorise la valorisation alimentaire des friches
Avec l’aide de Terre de Liens, 400 propriétaires ont été poussés à louer leurs terres en friche à des paysans afin de les cultiver à nouveau en agroécologie et pour alimenter le territoire. 

Même à Paris, la mairie veut créer une coopérative agricole écolo
La maire de Paris propose d’acheter des terres agricoles en Ile-de-France pour nourrir les cantines, grâce à la création d’un projet de coopérative nommée “Du champ à l’assiette”. 


Faire fleurir des Oasis

Partout en France, des collectifs citoyens créent de nouveaux lieux écologiques et solidaires appelés éco-hameaux, habitats participatifs, fermes collectives, tiers-lieux… La Coopérative Oasis existe pour soutenir celles et ceux qui vivent ou souhaitent vivre dans ces lieux écologiques et collectifs, les oasis. L’une de ses activités est de récolter de l’épargne citoyenne pour financer ces lieux. Grâce à son action, des milliers d’hectares de terre accueillent aujourd’hui des projets qui les restaurent, les respectent et les sauvent. Découvrir la Coopérative Oasis

Dans ce réseau d’écolieux, l’association Hameaux Légers promeut auprès des collectivités, des professionnels agricoles et des citoyens l’installation d’habitats réversibles qui réduisent considérablement l’empreinte écologique des constructions traditionnelles. Et offre une accessibilité nouvelle aux logements, notamment en zone rurale.



Faire pousser des fermes

Le mouvement Terre de Liens, grâce à la Foncière ou à la Fondation, achète exclusivement des fermes pour enrayer la disparition des terres agricoles et réduire les difficultés d’accès au foncier agricole. Ces lieux sont ensuite loués à des agriculteurs qui lancent leurs activités. Pour acquérir ces fermes, la Foncière s’appuie sur son capital, constitué de l’épargne de citoyens, qui ont choisi d’investir dans des projets solidaires. Des systèmes de legs pour préserver des terres et des fermes agricoles sont également possibles. Découvrir Terre de liens

Depuis des années, Terre de liens permet à des terres de revivre en imposant aux paysans qu’il choisit une agriculture saine et écologique. La force de Terre de Liens est d’essaimer de nombreux projets locaux et régionaux. Un exemple parmi cent : les passeurs de terre dans les pays de la Loire.

Désobéir au naturel

D’autres collectifs et associations se sont mis à promouvoir la même idée de sauver des terres. Nous avions entendu parler de La suite du Monde, voici aujourd’hui l’initiative Désobeissance Fertile.


©Désobéissance fertile

"Nous n’avons pas le luxe d’attendre que nos dirigeants disposent soudainement d’une vision altruiste pour le reste de l’humanité." Depuis un an, ce collectif pose des actes de désobéissance fertile qui consistent à racheter massivement des forêts, refertiliser les zones laissées pour mortes par l’agriculture intensive, et proposer des terrains pour que des collectifs de fertilisateurs s’y installent. 

Leur constat est simple : les lois de nos pays se basent sur un modèle économique toujours plus gourmand en ressources et permettent à des entreprises, des fonds de pension ou des pays entiers d’exploiter la nature. Si le droit ne respecte pas notre biodiversité, nous avons celui de dépasser ces lois. Depuis août 2019, le collectif nous offre de nombreuses pistes d’actions au travers de leur blog et des vidéos qu’ils réalisent.

Devenir gardien de la Nature
Désobéissance Fertile proposent aussi à des propriétaires de confier leur terrain à des collectifs qui en prendront soin. L’intérêt pour les propriétaires est double : redonner vie à un terrain délaissé et agir à distance pour préserver leur territoire.


Pour aller plus loin

 ➤ Accès à la terre : les néo-paysans discriminés

 ➤ Nouveaux paysans : en quête de terres…

 ➤ S'installer en zone rurale oui... mais à quel prix ?

 ➤ L’Aspas propose de ré-ensauvager le monde

 ➤ La Fondation Edith Maryon soustrait des biens immobiliers à la spéculation foncière afin que ceux-ci puissent être utilisés d’une manière socialement responsable.

 ➤ D’autres exemples

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